Il y a lieu de se demander quel rôle Susan Pigott a joué à la Commission Drummond sur la réforme de secteur public.
Pigott était l’une des quatre commissaires nommés.
Pigott est vice-présidente, Communications et engagement communautaire, au Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH).
J’ose croire qu’étant l’une des quatre commissaires, son influence eusse eu un impact considérable sur le document final. Nous lisons le rapport de la Commission en nous attendant à ce qu’il soit favorable à de bonnes politiques sur la santé mentale et les toxicomanies.
Et pourtant, au lieu de cela, le rapport de la Commission soutient l’accès aux jeux d’argent.
La Commission dit que la Société de loteries et des jeux de l’Ontario devrait « continuer de chercher de nouveaux moyens novateurs d’offrir des activités de jeu en Ontario afin de hausser ses revenus », y compris « mettre en place d’autres points de vente de loteries » et « permettre l’installation d’appareils à sous ailleurs que dans les hippodromes ».
Est-ce qu’on parle ici de les installer chez les dépanneurs et dans les bars, comme ils l’ont fait en Nouvelle-Écosse? Drummond l’insinue seulement en suggérant une plus grande participation du secteur privé — un refrain qui s’attache à la plus grande partie de ses recommandations.
Tandis que Drummond veut installer de nouvelles machines à sous, la Nouvelle-Écosse essaie de régner sur ses terminaux de loterie vidéo (TLV), reconnaissant quelle boîte à surprise elle avait ouvert en 1994.
Dix ans après l’introduction en Nouvelle-Écosse des terminaux, les pertes annuelles enregistrées par les joueurs de TLV à problèmes atteignaient une moyenne de plus de 14 000 $. Sans compter que le nombre de joueurs avait lui aussi augmenté – de 50 pour cent. Le nombre de néo-écossais aux prises avec des problèmes de jeux d’argent —y compris les hommes, les femmes et les enfants avec des problèmes financiers, de santé et sociaux modérés à graves, est estimé à 120 000 dans une province de moins d’un million d’habitants. Ces chiffres viennent des directeurs régionaux des services de toxicomanie pour cette province.
La situation était si mauvaise après juste deux ans qu’en 1996, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a réagi en retirant tous les TLV des petites épiceries. Plus tard, pour limiter les dégâts, il a même essayé de ralentir la vitesse de fonctionnement de ces machines. Il a aussi essayé de limiter la durée d’accès. Il a mis des avertissements sur les machines. Aujourd’hui, le gouvernement envisage de refuser tous nouveaux permis d’utilisation d’appareils à sous, espérant qu’avec le ralentissement des affaires, les TLV disparaîtraient gentiment de la province.
Drummond ne dit pas combien il ajouterait de machines à sous et où elles seraient installées. Pas plus qu’il ne fournit d’analyse des coûts/bénéfices ou admette qu’échanger la vie des gens contre des dollars puisse être un compromis.
Comme la Nouvelle-Écosse, il parle de respecter la responsabilité sociale, mais il ne dit pas ce que ça veut dire.
À son rôle au CAMH, Susan Pigott devrait connaître les enjeux.
De toute évidence, ses homologues de la Nouvelle-Écosse les connaissent.
Les directeurs des services de toxicomanie pour la province ont écrit une lettre commune en 2004, à l’occasion du dixième anniversaire de l’installation des TLV dans la province.
Ils ont écrit : « La responsabilité première du gouvernement est (et si ça ne l’est pas ça devrait l’être) la qualité de vie, le bien-être et la santé de ses citoyens, pas la génération de revenus provenant de jeux d’argent ».
Le gouvernement a manqué de parler de l’équilibre entre la santé publique et les jeux d’argent, soulevant des questions critiques sur la façon d’établir cet équilibre, aujourd’hui et dans l’avenir.
Alors, qu’a reçu Pigott en échange des services de santé mentale et de toxicomanie? Il ne semble rien y avoir de plus que l’appui de Drummond envers l’initiative courante sur la santé mentale des jeunes et des enfants.