Le scandale du sang contaminé fut le pire des désastres de l’histoire du Canada en matière de santé publique. Dans les années 1980 et 1990, plus de 30 000 Canadiens ont été infectés par le VIH et par l’hépatite C. La situation était le résultat de l’incapacité du gouvernement et de l’échec bureaucratique à protéger l’approvisionnement en sang. Le sang contaminé à tué des milliers de personnes. Des personnes en meurent encore aujourd’hui. Lisez comment nous risquons de répéter ce désastre dans cet article de Diablogue.
Le scandale du sang contaminé fut le pire des désastres de l’histoire du Canada en matière de santé publique. Dans les années 1980 et 1990, plus de 30 000 Canadiens ont été infectés par le VIH et par l’hépatite C. La situation était le résultat de l’incapacité du gouvernement et de l’échec bureaucratique à protéger l’approvisionnement en sang. Le sang contaminé à tué des milliers de personnes. Des personnes en meurent encore aujourd’hui.
En 1997, la Commission royale d’enquête présidée par le juge Horace Krever avait formulé 50 recommandations pour veiller à la sécurité des produits sanguins et du sang au Canada. Selon le juge Krever, la sécurité publique dépendait de cinq principes :
- le sang est une ressource publique;
- les donneurs ne doivent pas être payés;
- le Canada doit parvenir à l’autosuffisance en ce qui concerne les produits sanguins;
- l’accès au sang et aux produits sanguins doit être gratuit et universel;
- la sécurité du système de collecte et de distribution du sang est primordiale.
La Société canadienne du sang (SCS), une organisation sans but lucratif, a été créée suite au scandale du sang contaminé. La mission de la SCS consiste exclusivement à gérer le sang et les produits sanguins pour les Canadiens (hors du Québec). Sa mission se base sur les recommandations de la Commission Krever.
Mais le gouvernement fédéral a violé les principes de la Commission Krever en accordant un permis d’exploitation à une entreprise à but lucratif nommée Exapharma/Canadian Plasma ressources (CPR). Cette entreprise veut payer les donneurs de sang en Saskatchewan. Le plasma extrait de ce sang serait exporté. La clinique a ouvert ses portes aujourd’hui.
En 2014, Canadian Plasma Resources (CPR) avait essayé d’ouvrir trois cliniques de collecte de sang privées dans des régions à risque élevé de l’Ontario. Après une vague de protestations publiques, le gouvernement provincial avait fermé les cliniques et adopté une législation interdisant la collecte privée de plasma. (Le Québec avait déjà adopté une législation similaire.)
« La prolifération, au Canada, de cliniques de collecte de sang privées avait aggravé de façon exponentielle une tragédie de trente années et anéanti les efforts de ces braves Canadiens qui avaient lutté pour améliorer l’innocuité de notre système de collecte et de distribution du sang », a déclaré la militante Kat Lanteigne, auteure de Tainted, une pièce de théâtre abordant le sujet de la crise du sang.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) veut mettre fin à tous les dons de plasma motivés par le profit d’ici à l’année 2020. Les programmes de plasma payé présentent tout simplement trop de risques. L’OMS présente des arguments convaincants en faveur d’un système purement volontaire dans Vers 100 % de dons de sang volontaires : Cadre mondial d’action.
Le rapport de l’Alliance européenne pour le sang (AES) daté de 2013 et l’OMS le disent clairement, payer les donneurs de sang met en danger l’innocuité des réserves de sang. Un système de dons de sang rémunérés éloigne les gens de notre système de dons volontaires. Un système de dons de sang rémunérés attire des donneurs plus susceptibles de présenter des risques. Ces donneurs mentent fréquemment sur leur état de santé pour recevoir de l’argent.
En Europe, comme le dit l’AES, des courtiers en sang allemands amènent des autobus remplis de donneurs pauvres de Pologne. La pratique a récemment été restreinte parce que le sang et le plasma reçus montraient des taux plus élevés d’infection.
Aux États-Unis, l’effondrement économique de 2008 a généré un foisonnement de compagnies de collecte de sang à but lucratif. À Flint, au Michigan, 100 000 personnes ont été exposées à un empoisonnement au plomb et à la maladie des Légionnaires (légionellose) en consommant de l’eau contaminée. Pourtant, la société publique du nom de Grifols n’a pas fermé son centre de collecte de plasma rémunéré dans la région. Et elle ne le fera pas tant que la FDA américaine ne l’y obligera pas.
La Société canadienne du sang (SCS) ne permettrait jamais aux résidents de Flint de donner du sang dans un système public. Non seulement ces donneurs présentent-ils des risques élevés, mais leur santé est précaire et ils ne devraient pas avoir le droit de donner leur sang.
Le Canada est autosuffisant en ce qui concerne le plasma frais. Le plasma frais est utilisé dans le traitement de patients atteints de cancer et de grands brûlés. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir de la concurrence car nous allons perdre des donneurs au profit du système privé à donneurs rémunérés. Et une telle situation pourrait mettre en péril la vie des Canadiens.
Santé Canada doit revenir sur sa décision et interdire la collecte de sang à but lucratif.
Le chef de la direction de la SCS a assuré le public que chacun reçoit le sang dont il a besoin. En cas de pénurie, la SCS a la capacité de recueillir davantage.
Certains suggèrent que les tests sanguins ont progressé au point où le sang contaminé peut facilement être identifié. Toutefois, le nouveau virus Zika prouve une fois de plus combien fragile est notre réserve de sang.
Veuillez ajouter votre nom à la pétition pour exiger du gouvernement fédéral qu’il interdise la collecte de sang privée au Canada.