Le chef de la direction de la SCS fait marche arrière

Le chef de la direction de la Société canadienne du sang essaie de limiter les dégâts en rétractant ses paroles sur la position de la SCS relativement à la collecte de plasma.

Dans un blogue interne publié la semaine dernière, le DGraham Sher a dit aux employés de la SCS qu’il souhaitait mettre les choses au clair. Les récents commentaires du Dr Sher sur la rémunération des donneurs de plasma ont suscité une vive controverse.

Kelly Crowe, journaliste à la SRC, a révélé que le Dr Sher n’exclut pas l’instauration d’un système de dons de plasma rémunérés si la SCS n’est pas en mesure d’accroître la quantité de plasma recueillie au Canada avec les donneurs non rémunérés.  Le fait même que le Dr Sher puisse envisager une telle chose est inacceptable et le SEFPO lui a demandé de démissionner.

Dans son blogue, le Dr Sher tente à présent de convaincre les employés qu’il n’a fait que donner une réponse hypothétique à une situation hypothétique. « Nous n’avons jamais eu pour pratique de rémunérer les donneurs et nous n’envisageons pas de le faire », leur a-t-il dit.

Vous remarquerez qu’il n’a pas dit qu’il n’envisagera « jamais » de payer les donneurs.

Le Dr Sher souligne également l’objectif de la SCS de réduire la dépendance du Canada envers les produits pharmaceutiques dérivés du plasma en provenance des États-Unis.  Ces produits pharmaceutiques sont utilisés pour traiter des pathologies comme les troubles immunitaires et la maladie d’Alzheimer. Il affirme que l’on recueille actuellement 200 000 litres de plasma par an au Canada et que l’on devra au moins doubler cette quantité pour atteindre un certain niveau d’autosuffisance.

À l’heure actuelle, la SCS n’a aucun plan concret en place pour atteindre cet objectif.  Mais le Dr Sher déclare que « la solution pourrait consister à instaurer un système de dons de plasma autonome avec un personnel dévoué et spécialisé, à recruter des donneurs de plasma dans des régions fortement peuplées, là où on a le plus de chances de réussir, et à investir dans de nouvelles infrastructures pour soutenir la collecte de plasma. »

Cela ressemble beaucoup à un système qui pourrait facilement être converti en un système de dons de plasma rémunérés, si jamais la SCS venait à dire qu’elle n’avait pas assez de dons volontaires pour atteindre ses objectifs en matière de plasma.

Et comment se fait-il que l’on se retrouve soudainement dans une situation aussi désespérée, alors qu’il y a quatre ans à peine on avait trop de plasma?  En fait, cet excès de plasma avait même justifié la fermeture d’un centre de collecte à Thunder Bay qui produisait 10 000 litres par an. Vingt-cinq personnes avaient perdu leur emploi suite à la fermeture de cette clinique.

Voici ce que le directeur de l’exploitation de la SCS, Ian Mumford, avait déclaré à l’époque :

« Ces dernières années, on a assisté à une baisse systématique de la demande en plasma et, selon nos prévisions, nous devrons recueillir environ 10 000 unités de moins l’année prochaine. »

La SCS a-t-elle simplement été victime de prévisions imparfaites et d’un manque de prévoyance?  Ou y a-t-il quelque chose d’autre?

Actuellement au Canada, nous n’avons pas les moyens de transformer le plasma en pharmacothérapies diverses.  Notre plasma est exporté vers les États-Unis, où il est « fractionné », puis est réimporté dans le pays sous forme de produits pharmaceutiques utilisés pour répondre aux besoins de patients canadiens.

Mais cela pourrait bientôt changer.

Selon le Dr Sher, deux sociétés privées sont sur le point d’ouvrir des installations de fractionnement.  Ian Mumford, qui a quitté son poste de directeur adjoint à la SCS il y a sept mois, est maintenant à la tête d’une de ces compagnies.

Dans les années 1980 et 1990, plus de 30 000 Canadiens avaient été infectés par le VIH et l’hépatite C suite à des transfusions de sang et de produits sanguins contaminés.  À l’époque, c’était la Croix-Rouge qui gérait le programme du sang au Canada.  Une enquête avait été ouverte pour faire la lumière sur ce qui était devenu la pire catastrophe de l’histoire du Canada en matière de santé publique.  Le juge Horace Krever, qui présidait la Commission d’enquête, avait présenté 50 recommandations pour assurer la sécurité de l’approvisionnement en sang et des produits sanguins au Canada.   Il avait recommandé, entre autres, que le sang soit considéré une ressource publique, que l’on ne rémunère pas les donneurs et que l’on ne sous-traite aucune partie de l’organisation nationale qui gère l’approvisionnement en sang.

Si le Canada souhaite réellement être autosuffisant en ce qui concerne les produits plasmatiques, la SCS devrait chercher des moyens de transformer elle-même le plasma qu’elle recueille.  De cette façon, on saurait que le directeur de cet organisme sert vraiment le public et non pas des sociétés à but lucratif.  On saurait également que le plasma recueilli provient de donneurs non rémunérés et en bonne santé, qu’il est traité selon les normes les plus strictes et que les produits pharmaceutiques dérivés seront utilisés pour traiter des Canadiens.

Peut-être devrait-on rappeler au Dr Sher la véritable raison pour laquelle il a un emploi.  La Société canadienne du sang a été créée à la suite de la Commission Krever.  Plutôt que de se moquer des recommandations de la Commission Krever, le Dr Sher devrait en suivre les recommandations à la lettre.

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