Cela semblait plutôt être une bonne chose. Le mois dernier, le budget de l’Ontario prévoyait une augmentation de 160 millions de dollars pour le budget 2016 des hôpitaux. La première augmentation en cinq ans.
Malheureusement, ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan par rapport à ce dont les hôpitaux ont vraiment besoin.
Cette somme représente une augmentation de un pour cent. Si l’on tient compte du taux d’inflation, qui s’élève habituellement à deux pour cent, on voit bien que cette augmentation est en fait une réduction. En d’autres termes, le budget 2016 réduit le financement des hôpitaux pour la neuvième année consécutive.
Ces coupures mettent des vies en danger.
Le Centre de santé St-Joseph de Hamilton observe un manque à gagner de 26 millions de dollars et prévoit l’élimination de 180 postes. Cela aura un impact énorme sur les services dont dépendent 1,8 million de personnes.
À l’Hôpital général de la baie Georgienne, à Midland, un examen opérationnel appelle à des coupures dans les services de chirurgie et d’obstétrique. Si ces coupures se concrétisent, les femmes devront se rendre jusqu’à Orillia ou Barrie pour accoucher, un trajet de 40 minutes en voiture.
« Et ces coupures ne sont pas réservées aux hôpitaux St-Joseph et de la baie Georgienne, on les voit partout à travers la province, dans chaque communauté », nous dit Sara Labelle, présidente de la Division des professionnels hospitaliers du SEFPO. « Les professionnels qui fournissent les services sont forcés à faire plus avec moins chaque année. »
« Sous couvert de la « transformation », on démantèle systématiquement les hôpitaux et le régime public d’assurance-maladie », nous dit-elle encore. « Dans le secteur des soins de santé, le mot « transformation » est désormais synonyme de compressions dans les services ou de privatisation. »
Selon Madame Labelle, les coupures dans les hôpitaux touchent plus particulièrement les Ontariens les plus âgés.
« Ceux et celles qui paient le plus gros prix pour les coupures sont ceux et celles qui ont construit le régime public d’assurance-maladie et qui ont payé des impôts toute leur vie. »
Les hôpitaux des régions rurales et les hôpitaux de taille moyenne ont également du mal à survivre avec les changements qui s’effectuent au niveau du financement. Les hôpitaux recevaient autrefois un montant forfaitaire pour couvrir leurs frais. Le gouvernement libéral a changé tout cela en introduisant un nouveau modèle de financement en 2012. Le modèle de financement, alors axé sur le fournisseur, qui tenait compte de l’inflation, est devenu un modèle axé sur le patient, comme on le voit aujourd’hui.
Une approche axée sur le patient semble être une bonne chose. Toutefois, lorsqu’on l’examine de près, c’est loin de l’être.
Voici comment la formule de financement fonctionne aujourd’hui :
- Trente pour cent du budget d’un hôpital est sous forme de paiement forfaitaire;
- Quarante pour cent du budget est déterminé au moyen d’une formule qui tient compte du nombre de patients servis et de leurs besoins en matière de soins de santé;
- Les 30 derniers pour cent sont réservés pour des interventions spécifiques, comme les remplacements de la hanche ou du genou, la dialyse et les opérations de la cataracte.
La province finance ces interventions à prix fixe (par exemple, un remplacement de la hanche reçoit 8 000 $) et pour un certain nombre de patients, déterminé par le Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS). Si un hôpital finit par en faire moins, le financement de l’année suivante peut baisser. C’est une mauvaise méthode, et plus particulièrement pour les hôpitaux des régions rurales et pour les petits hôpitaux. Lorsque les hôpitaux reçoivent de l’argent en fonction du nombre de patients qu’ils servent, les plus petites communautés y perdent nécessairement. D’autres coupures sont inévitables.
Offrir une augmentation du financement inférieure au taux d’inflation peut nous faire croire que le gouvernement sauve nos hôpitaux. Mais ce n’est pas le cas. La première ministre Kathleen Wynne doit en faire beaucoup plus.
Les solutions de fortune n’arrêteront pas l’hémorragie dans nos hôpitaux.
Mettez un frein aux coupures!
Les membres du SEFPO et les militants du domaine de la santé n’acceptent pas les coupures à l’Hôpital St-Joseph les mains croisées. Joignez-vous à nous dans le cadre d’une assemblée publique pour en savoir plus et pour nous aider à planifier notre riposte.
Date : Le mardi 29 mars 2016
Heure : 19 h
Endroit : Hôtel de ville de Hamilton, salle du conseil, 71, rue Main ouest, Hamilton