Le véritable problème avec les soins à domicile

Les soins à domicile sont en crise en Ontario, tout le monde le sait.

Les patients le savent. Les travailleuses et travailleurs des soins à domicile le savent. La vérificatrice générale le sait. Et maintenant, le gouvernement de l’Ontario le sait.

En décembre dernier, le ministre de la Santé, Eric Hoskins, a publié un document de discussion sur la façon de réparer les soins à domicile. Priorité aux patients, qu’il l’a appelé. Selon le ministre, le problème avec les soins à domicile, c’est la façon dont le gouvernement les a structurés.

Avec cette analyse, la solution est évidente : restructurons-les. Comment? Débarrassons-nous des Centre d’accès aux soins communautaires (CASC) qui gèrent actuellement les soins à domicile et déplaçons le travail dans les Réseaux locaux d’intégration des services de santé ou RLISS.

Il n’y a rien de mal à restructurer le système, vraiment. Personne ne pleurera les méga-salaires des dirigeants des CASC, si ce n’est eux-mêmes. Par contre, les RLISS avaient été créés pour refiler la responsabilité des soins de santé du gouvernement à des responsables régionaux non élus. Leur objectif principal était d’ordre politique : protéger les ministres contre des décisions peu populaires. Ainsi, comment on parviendra à réparer les soins à domicile en les confiant aux RLISS demeure un mystère.

La vérité est que Priorité aux patients manque d’aborder le véritable problème auquel se heurtent les soins à domicile et communautaires. En fait, le problème est double.

  • Tout d’abord, les soins de santé sont terriblement sous-financés. Les hôpitaux sous-financés renvoient leurs patients chez eux plus malades que jamais et plus vite que jamais. Une fois à la maison, les patients ne sont pas capables d’obtenir les heures de soins à domicile dont ils ont besoin parce que le système communautaire est sous-financé lui aussi.
  • Ensuite, les opérateurs privés tournent autour des soins à domicile et communautaires comme des mouches autour d’un gâteau. Dans son rapport de septembre 2015, la vérificatrice générale, Bonnie Lysyk, avait indiqué que seulement 61 pour cent des fonds reçus par les CASC allaient directement aux traitements des patients. Qu’est-il arrivé au reste alors? Les 39 cents sur chaque dollar? C’est simple, ils sont allés dans les poches des fournisseurs de services à but lucratif affamés de deniers publics. Une partie de cet argent va aux salaires des dirigeants; une autre partie aux profits. Trop peu de ces dollars finissent dans les poches des travailleurs de première ligne, qui continuent de lutter avec des salaires bas et des emplois précaires, en dépit du fait qu’ils s’occupent des êtres qui nous sont chers. Grâce à la privatisation, nous n’avons aucune idée de la façon dont des millions de dollars sont dépensés dans le secteur des soins de santé. Les compagnies privées ne sont pas reconnues pour leur transparence.

Le 3 février dernier, des membres du SEFPO travaillant dans le Secteur des soins de santé communautaires se sont rencontrés à Toronto pour parler du document de discussion du Dr Eric Hoskins. Ils ont lu le document; ils ont répondu à ses questions. Mais leur réponse va bien au-delà des questions posées par le ministre.

Voulons-nous vraiment des soins à domicile stables et de haute qualité qui utilisent nos deniers publics de façon sage et transparente? Si c’est le cas, alors la solution est double : financer les soins à domicile de façon appropriée et abandonner la privatisation.

Lisez la réponse entière du SEFPO au ministre de la Santé ici (en anglais).

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