La fusion des hôpitaux Scarborough-Rouge coûte trop

En fin de compte, le prix était trop élevé.

La fusion entre l’Hôpital de Scarborough et le Système de santé de la vallée de la Rouge semble avoir été mis sur la touche après des mois d’activités intenses, y compris des consultations communautaires sans précédent.

Le 15 mars dernier, le Conseil d’administration de l’Hôpital de Scarborough adoptait la résolution d’abandonner immédiatement le projet de fusion.

Les coûts étaient substantiels; on parlait de 30 millions de dollars en coûts de fusion uniques pour chaque hôpital et de 5 millions de dollars de plus par année en rajustements salariaux. La province était prête à investir jusqu’à 3 millions de dollars.

Les deux hôpitaux étaient également à la recherche de plus de 2 milliards de dollars pour de nouveaux bâtiments pour remplacer l’infrastructure vieillissante et doubler la taille de l’hôpital d’Ajax-Pickering.

C’est cher pour des hôpitaux qui vont sans doute entrer dans leur cinquième année d’un financement de base gelé ou bien inférieur aux coûts réels. Les restrictions financières incluent deux années de zéros et on ne sait trop quand ça s’arrêtera.

Avec les hôpitaux qui s’attendaient déjà à un déficit combiné de 17 millions de dollars en raison des restrictions financières du gouvernement provincial, les chiffres ne faisaient aucun sens.

L’abandon de ce projet soulève de nombreuses questions sur la direction des deux hôpitaux, étant donné que la proposition de « mariage » venait du RLISS du Centre Est.

Les deux dirigeants sont appelés à se présenter devant le conseil du RLISS du Centre Est le mercredi 26 mars à Pickering.

Avec l’annulation des pourparlers concernant la fusion, le Système de santé de la vallée de la Rouge devra chercher un remplacement pour Rik Ganderton, son directeur, qui avait annoncé sa démission prochaine pendant le processus de fusion.

Les consultations communautaires ont largement contribué à susciter une certaine adhésion autour du projet, mais les coûts importants de la fusion n’avaient pas été publiés au préalable par les hôpitaux. Une fois rendus publics, ne sachant trop s’ils seraient engagés au détriment des services cliniques, ces coûts ont suscité un surcroît d’anxiété.

L’Ontario Health Coalition a tenu plusieurs conférences de presse critiquant l’absence de preuves à l’appui du projet de fusion. Natalie Mehra, la directrice de l’OHC, a fait remarquer qu’en vertu du scénario optimiste de l’hôpital, il faudrait dix ans avant que les coûts de la fusion soient amortis.

La coalition a mentionné qu’une grande partie des éléments de preuve entourant les fusions d’hôpitaux ne montraient rien de bon.

Les propositions de réaménagement ont également fait fi des garanties précédentes comme quoi aucun des trois sites hospitaliers de Scarborough existants ne fermeraient. Un des scénarios de remplacement incluait un méga-hôpital qui remplacerait ces trois sites.

Les médecins de l’Hôpital de Scarborough (TSH), qui appuyaient le projet, ont néanmoins fait savoir au conseil qu’ils ne soutiendraient aucune coupure dans les services cliniques pour couvrir les coûts de la fusion.

« Une fusion réussie à long terme se complique encore davantage si les services aux patients ne sont pas protégés dans le court terme », ont déclaré quatre membres du personnel médical de l’hôpital dans une lettre obtenue par le parti néo-démocrate de l’Ontario.

France Gélinas, porte-parole du parti néo-démocrate en matière de santé, a dit au Toronto Star que lorsqu’il s’agit d’obtenir des capitaux, « l’hôpital de Scarborough est rarement entendu. Il semble facile à ignorer ». Madame Gélinas a dit que ça avait en grande partie affaire avec les communautés desservies par les hôpitaux de Scarborough et de la vallée de la Rouge. « Ces hôpitaux desservent une population racialisée en marge de la société, qui n’est pas en mesure de défendre ses propres intérêts. »

Robert Biron, le dirigeant de l’Hôpital de Scarborough, avait maintenu tout au long du processus que la fusion permettrait d’écarter le potentiel de réductions des services, sans pourtant exclure la possibilité d’autres coupures.

C’est de la dernière partie de sa déclaration que les résidents de Scarborough et le personnel de l’hôpital s’inquiéteront sans doute, et plus particulièrement suite à cette décision. D’autres mises à pied sont attendues dans un avenir proche à l’Hôpital de Scarborough.

 

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