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Avant de couper sur les soins de santé, transformons-les!

Selon les conférenciers présents à la conférence Health Achieve de l’Association des hôpitaux de l’Ontario (AHO), il est important de transformer les soins de santé, pas de les couper.

Don Berwick, ancien administrateur des services américains Medicare et Medicaid, a mentionné que les États-Unis affectaient actuellement 17,6 pour cent de leur PIB aux soins de santé, un chiffre qui atteindra éventuellement 24 pour cent, soit près d’un dollar pour chaque quatre dollars dépensés au sud de nos frontières.

Dans une séance ultérieure, plus tard dans l’après-midi, Mark Britnell, du Royaume-Uni, président et partenaire du réseau mondial de la société KPMG, a mentionné que les économies avancées subissent le « fardeau de plus en plus lourd » des soins de santé, une situation largement « aggravée par la crise financière ».

Britnell a dit que le rapport de l’économiste et banquier Don Drummond sur la façon de remettre l’Ontario sur ses pieds était un des meilleurs qu’il ait lus, même si un grand nombre des prévisions de Drummond se sont déjà avérées fausses.

Ni Berwick ni Britnell n’ont mentionné qu’au Canada, pendant trois années de suite, les dépenses de santé ont non seulement baissé comme part du PIB, mais aussi comme pourcentage des dépenses provinciales. Britnell montre encore des graphiques faisant valoir que les coûts des soins de la santé au Canada vont augmenter d’un stupéfiant 2 % du PIB.

Britnell dit que le lièvre va plus vite que le renard parce que pour le lièvre, c’est une question de vie ou de mort, alors que pour le renard, c’est juste un repas. L’idée est que les soins de la santé sont le lièvre et qu’il faut agir rapidement si on ne veut pas que les gouvernements prennent encore davantage de mesures régressives ou, comme Berwick le dit, « qu’on coupe parce que les améliorations ne fonctionnent pas ».

Berwick et Britnell ont des stratégies semblables pour plier la courbe des coûts, laquelle est déjà largement pliée ici au Canada.

Berwick dit que la situation aux États-Unis est aggravée par un manque de dialogue dans un pays de plus en plus polarisé.

Il dit qu’avec l’Obamacare, les soins de santé devenaient un droit humain et le système devenait plus durable, avec des compagnies d’assurance privées désormais contraintes à obéir à certains règlements.

Berwick dit que sa « zone de confort » repose dans l’amélioration de la qualité, et qu’en acceptant le rôle d’administrateur d’un système de soins de santé public Medicare/Medicaid de 800 milliards de dollars, c’est là qu’il avait choisi de mettre l’accent.

La première loi d’amélioration consiste à ce que chaque système soit parfaitement conçu pour atteindre les résultats visés, a-t-il encore dit.

Le point de décision est la première étape vers l’amélioration. La deuxième étape consiste à établir comment procéder, nous dit-il encore.

« C’est du vol que de gaspiller dans les soins de la santé », a déclaré Berwick, faisant remarquer que l’argent dépensé inutilement dans le domaine de la santé ne peut être dépensé ailleurs…

Parlant en aphorismes recherchés, l’ancien administrateur américain a déclaré qu’aux États-Unis, de la couverture dépend l’amélioration et de l’amélioration dépend la couverture.

Berwick est grand amateur des soins en équipe, faisant remarquer que le système Nuka, à Anchorage, Alaska, qui met l’accent sur la promotion de la santé plutôt que sur le traitement des maladies, est parvenu à réduire de façon importante les soins d’urgence et les admissions aux urgences.

Il a également souligné la tendance vers une plus grande autonomie en matière de soins, comme en Suède, par exemple, où les patients effectuent leur propre hémodialyse, avec comme résultat une baisse des coûts de 50 pour cent.

Berwick dit qu’il y a six catégories de gaspillage : traitement excessif, absence de coordination des soins, lacunes en matière de prestation des soins, coûts administratifs excessifs, prix excessifs, fraude et abus. Aux États-Unis, le gaspillage se situe entre 21 et 47 pour cent de l’ensemble des dépenses de santé; même si l’Ontario n’en est pas là, nous dit-il, il n’en est pas loin apparemment.

Les deux conférenciers ont fait remarquer qu’avant d’arriver au moindre coût, il faut faciliter le changement, et pour cela, il faut de l’argent, une leçon dont l’Ontario pourrait bénéficier.

Tandis que Britnell a parlé de l’importance relative – y compris de l’inefficacité de soins primaires prodigués selon un modèle de gestion datant du 19e siècle – Berwick estimait que le leadership devrait venir des personnes qui assurent les soins de première ligne.

« Ce sommes nous qui prodiguons les soins qui devons les changer », a dit Berwick a son auditoire.

Les deux conférenciers ont dit que la solution ne reposait pas sur de « nouveaux hôpitaux reluisants »– ce message s’adressait à un auditoire ontarien où deux tiers des hôpitaux entreprennent des projets de construction majeurs allant d’agrandissements à la construction de nouveaux bâtiments.

« La main-d’œuvre est votre meilleur atout », a déclaré Berwick. « La valeur marche sur deux jambes », a confirmé Britnell.

Tous deux ont dit que la transparence est essentielle à la réforme des soins de santé.

Britnell suggère que la transparence dans l’établissement des prix des médicaments a totalement transformé l’environnement pharmaceutique, avec les « payeurs » – publics et privés – désormais beaucoup plus exigeants. Le résultat est que les profits des grandes sociétés pharmaceutiques ont baissé d’une moyenne de sept et huit pour cent par année à deux pour cent.

Britnell a souligné la différence dans l’attitude des PDG du monde entier en ce qui concerne la durabilité du système et de leur propre entreprise de soins de santé. Tandis que la plupart estiment que leurs propres activités seraient durables avec de légers changements, la plupart, aussi, estiment que la durabilité du système dans son ensemble dépend d’un changement majeur.

Les PDG adoptent l’attitude dominante que « le changement doit se produire, mais il ne doit pas commencer avec nous », nous dit encore Britnell. Ainsi, rien ne change jamais.

Britnell a spécifiquement fait remarquer l’accent du rapport de Drummond sur un faible pourcentage de la population qui s’accapare une part importante des dépenses de santé. Il dit qu’un pour cent de la population utilise 30 pour cent des dépenses de santé, cinq pour cent en utilisent jusqu’à 50 pour cent et 10 pour cent en utilisent jusqu’à 80 pour cent. Mettre l’accent sur ce dernier groupe d’utilisateurs pourrait contribuer à des économies considérables et à une amélioration dans la qualité des soins.

Il mentionne aussi que dans la plupart des pays, 17 à 20 pour cent des patients hospitalisés n’ont pas besoin d’être à l’hôpital – ce qu’on appelle en Ontario les patients en attente d’un autre niveau de soins.

Britnell dit que les options entourant les soins de santé sont limitées. « Donner un grand coup de frein » ne marche pas, a-t-il dit. On finit par détruire la valeur, plutôt que de la créer.

Pourtant, Berwick applaudit la décision de l’Ontario de geler le financement de base des hôpitaux et d’accorder quatre pour cent pour les soins à domicile.

Si ça, ce n’est pas donner un grand coup de frein, qu’est-ce qui l’est?

La conférence Health Achieve de l’AHO se poursuit jusqu’à mercredi au Palais des congrès du Toronto métropolitain.

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