Quelques jours seulement avant les élections ontariennes, le Dr Bob Bell a accepté le poste de sous-ministre de la Santé.
Ancien chirurgien orthopédique, le Dr Bell est probablement mieux connu en Ontario pour sa position sur la liste annuelle des 100 000 $ et plus. En 2012, Bell était au nombre des PDG d’hôpitaux les mieux payés en Ontario, empochant 753 992 $ à son poste au Réseau universitaire de santé de l’Université de Toronto.
Il sera maintenant le sous-ministre le mieux payé, ramassant 436 488 $ en salaire et avantages sociaux imposables – soit un peu plus de la moitié de ses gains précédents.
Bell s’est également récemment plongé dans la controverse entourant le tourisme médical, disant au Toronto Star que les soins de santé représentent une « source de richesse potentielle pour les Ontariens ».
Le Star rapporte que le Réseau universitaire de santé a empoché 50 millions de dollars sur une période de trois ans en traitant 380 patients internationaux à Toronto, ainsi qu’en offrant des services de consultation.
Compte tenu des ressources limitées du système des soins de santé ontarien, l’organisme Médecins canadiens pour le régime public et la Coalition canadienne de la santé soutiennent que le tourisme médical compromet l’accès aux soins de santé de la population canadienne, avec le Dr Ryan Meili de MCRP qui dit que l’initiative génératrice de revenus du Réseau de santé universitaire est sur une « pente glissante ».
Bell a déjà laissé entendre que le système des soins de santé de l’Ontario pouvait faire mieux sans fonds supplémentaires – un commentaire qui ne manquera pas de faire froncer les sourcils dans certains cercles. Il n’y a pas de doute que ses nouveaux maîtres, qui qu’ils soient, apprécieront cette suggestion. Par contre, la mise en œuvre d’un tel plan peut s’avérer plus compliquée.
C’est une chose de diriger un hôpital de centre ville de 1,9 milliard de dollars avec trois fondations multi-millionnaires dont les dollars coulent à flot ou un hôpital à Scarborough ou Walkerton dans lequel on arrive à peine à joindre les deux bouts sans avoir à supprimer des services communautaires essentiels. Avant l’annonce des élections, les hôpitaux de l’Ontario étaient sur le point d’entrer dans leur troisième année de budgets de base gelés.
Bell a dit au Globe and Mail que Action Cancer Ontario est un modèle qui pourrait être appliqué à d’autres parties du système des soins de santé, insistant sur son obsession pour les mesures et pour la prise de décisions fondées sur des faits.
Bell est décrit comme étant étranger à la bureaucratie de Queen’s Park, même s’il est loin d’être étranger à la ministre de la Santé Deb Matthews, dont le bureau était à distance de marche du sien.
Dans un article de fond long et autrement flatteur publié le weekend dernier dans le Toronto Star, la journaliste Theresa Boyle semble indiquer que des « critiques non identifiés » disent qu’il est respecté dans les hôpitaux mais pas dans la communauté.
Bell risque de constater bien vite que diriger un Réseau universitaire de santé bien financé et internationalement respecté est très différent de sa nouvelle expérience qui consistera à rétablir un système provincial fragmenté dans lequel le financement public par habitant est bien inférieur à la moyenne canadienne.
Il devra aussi s’occuper des changements à la formule de financement du gouvernement fédéral qui, selon les provinces, flouera les systèmes des soins de santé de 36 milliards de dollars au cours des dix prochaines années.
L’Ontario a également la part la plus faible du financement public en pourcentage de l’ensemble des coûts de la santé – seulement 67,7 % des dépenses de santé sont financées par l’État en Ontario, comparativement à une moyenne canadienne de 70,1 % (ICIS).
Avec une plus grande part du système des soins de santé hors de la sphère publique, le gouvernement a moins d’influence pour intégrer plus efficacement le système. Avec déjà une grande partie du système impartie à des joueurs du secteur privé à but lucratif, Bell aura une moins grande marge de manœuvre que si le système était sous pleine intendance publique.
Bell remplace Saad Rafi, qui est parti en novembre dernier pour remettre sur les rails les préparatifs des Jeux de Pan Am 2015. Bell prend son poste lundi prochain.