Kathleen Wynne a certainement quelqu’un au sein de son personnel qui fait des heures supplémentaires pour trouver des beaux mots à dire. Les médias ont rapporté les commentaires de Wynne de mardi dernier en ce qui concerne le plan du chef du PC Tim Hudak de couper 100 000 emplois du secteur public. Elle a dit : « personne depuis Donald Trump ne s’est montré aussi enthousiaste que Tim Hudak à prononcer les mots ‘À la porte!’ ». La Première ministre se rend certainement compte que l’extrême choisie par Tim Hudak (le double des coupures de Mike Harris) n’est pas très populaire et risque bel et bien de provoquer la discorde. Vendredi dernier, elle a succinctement suggéré que Hudak convertirait les « chèques de paie en avis de renvoi » Nous avons remarqué que nos amis du SCFP ont eux aussi pensé que c’était bien dit et ils recommandent vivement à leurs membres de stopper la « promesse d’avis de renvoi » de Tim Hudak.Est-ce que quelqu’un a calculé ce que cela coûterait en termes d’indemnités de départ seulement, sans compter les frais de recrutement une fois qu’on se sera aperçu que ce personnel était vraiment essentiel?
Juste avant le budget de Sousa, Kathleen Wynne avait annoncé que les préposés aux services de soutien à la personne (PSSP) les moins payés dans la province recevraient une augmentation rétroactive. Le salaire minimum des PSSP est resté à 12,50 $ l’heure depuis 2006. Le gouvernement a dit qu’il allait augmenter ce montant de 1,50 $ avec effet rétroactif au 1er avril. Le Personal Support Network of Ontario (PSNO) a publié un bulletin cette semaine disant qu’ils avaient laissé des messages au bureau de la ministre de la Santé pour clarifier le statut de l’augmentation. Le PSNO a dit avoir parlé avec un employé politique et exprimé sa déception, disant que « c’est un désappointement terrible pour le secteur et sa main-d’œuvre ». Dans un article sur l’annonce initiale, le Globe and Mail a dit qu’étant donné que la première augmentation de 1,50 $ est rétroactive, « elle prendrait effet même si le budget est rejeté, forçant des élections précipitées ». On s’attend à ce que cette augmentation coûte 50 millions de dollars au gouvernement rien que pour cet exercice budgétaire.
Il est évident que Tim Hudak croit qu’il peut diriger un gouvernement pour rien. En plus d’une énorme réduction de l’impôt des sociétés de 30 pour cent, Hudak annonçait mercredi dernier qu’il envisage aussi de réduire l’impôt sur le revenu des particuliers de 10 pour cent une fois que le budget sera équilibré. De toute évidence, un gouvernement Hudak n’aurait aucune autre priorité d’ici là; aucun besoin pour les transports en commun, le renouvellement de l’infrastructure, les autoroutes, les soins de santé, l’éducation et même ce nouvel hôpital que la communauté de Niagara Sud espèrait avoir. Mike Harris n’était pas fort sur l’infrastructure. Ne comptez pas sur Timmy pour construire grand chose non plus.
La chef du NPD Andrea Horwath parle aussi de coupures budgétaires. Mercredi, Horwath a dit qu’elle réduirait les dépenses de 600 millions de dollars, se plaignant qu’il y a trop de « gaspillage dans le système ». Elle mettrait en place un ministre « des économies et de la reddition de comptes » après avoir réduit d’environ un tiers la taille du Conseil des ministres. Est-ce en plus du bureau de responsabilité financière indépendant que les libéraux traînent à mettre en place, selon elle? Et ce ministre, entrerait-il en conflit avec l’indépendance d’un tel bureau? Après avoir parlé de Cybersanté et ORNGE, Horwath a dit aux médias : « Ce type de gaspillage existe dans tous les services en Ontario et nous devons aller au fond des choses pour y remédier. » Hugh Mackenzie, économiste au Centre canadien de politiques alternatives, a déjà dit que ceux qui prônent les réductions d’impôts radotent à propos du gaspillage au sein du gouvernement pour justifier les coupures qu’ils veulent faire dans les services publics. « Avec un peu de recul, on voit bien que l’argent des contribuables est dépensé pour des choses que les Canadiens apprécient au quotidien. » Les choses stupides qu’ils se plaisent à mentionner à titre de preuve de gaspillage « ne représentent pas des montants énormes », avait dit Mackenzie en 2009.
Après tout, combien y a-t-il de travailleurs à la fonction publique? C’est une bonne question vu la promesse de Tim Hudak de se débarrasser de 100 000 de ces travailleurs. Le Centre canadien de politiques alternatives dit que les services publics essentiels emploient seulement 60 000 personnes. Avec les agences, les conseils et les commissions, on peut en ajouter un autre 88 483. Dans ce groupe, les 9 000 qui travaillent pour la Police provinciale de l’Ontario (OPP) seraient protégés. Trente-neuf mille sept-cent douze personnes travaillent pour des entreprises gouvernementales – le CCPA donne l’exemple de la LCBO, de la Société des loteries et des jeux de l’Ontario (OLG) et des parcs provinciaux. Nous savons en fait que ces gens produisent des revenus pour le gouvernement, ainsi il ne serait pas vraiment sage de s’en débarrasser. Hudak nous dit que certaines de ses coupures pourraient résulter de la privatisation de certains services, ce qui signifie simplement que 39 712 personnes différentes occuperaient les emplois éliminés, avec en fin de compte moins de revenus pour le gouvernement. Le CCPA nous fait remarquer que si les suppressions d’emplois de Tim Hudak sortent entièrement des postes administratifs, soixante-dix-huit pour cent de ces travailleurs disparaîtraient. La vaste majorité des travailleurs en Ontario se trouvent dans un secteur appelé MUSH (municipalités, universités, écoles et santé). Les services de santé et les services sociaux emploient 238 555 personnes. Hudak a promis de ne supprimer aucun médecin et infirmière, mais a dit que certaines coupures au niveau du personnel pourraient venir d’ailleurs dans ce secteur. Les conseils scolaires contiennent une autre grosse portion des travailleurs – enseignants, personnel de soutien et administrateurs scolaires. En tout, ils sont 285 623. Quand on lui a demandé si dans ses coupures il comptait les enseignants, Hudak a dit que oui. Les travailleurs municipaux sont 322 357; Hudak n’a pas grand pouvoir sur ces travailleurs, si ce n’est celui d’arrêter les transferts à ce niveau du gouvernement. Les municipalités devraient alors choisir entre réduire leur personnel et augmenter les impôts fonciers. Le dernier groupe est composé des travailleurs du gouvernement fédéral, qui sont également hors de portée pour Hudak. 181 272 personnes sont directement employées par Ottawa et 42 491 par des entreprises gouvernementales fédérales (qui gagnent aussi de l’argent).
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