Que pensez-vous d’abonner notre prochain premier ministre au UK Guardian?
L’Ontario est la province au pays qui a le plus grand nombre de projets d’infrastructure (des hôpitaux aux tribunaux) couverts par des partenariats publics-privés, amassant des milliards de dollars en obligations à long terme à l’égard de sociétés privées.
La Grande-Bretagne exporte ces absurdités dans le monde entier depuis quelque temps déjà, avec des consultants qui, comme des vendeurs de chalets suisses, voyagent à l’étranger pour encourager d’autres pays à imiter leur solution miracle sans dépôt.
Le gouvernement du Royaume-Uni a-t-il vraiment cru que tout cela serait sans conséquences et qu’il ne regretterait pas de telles décisions?
Le UK Guardian n’a pas arrêté de parler des inlassables problèmes que de telles machinations – joliment appelées initiatives de financement privé ou IFP au Royaume-Uni — ont entraîné, et plus particulièrement dans le secteur des soins de santé.
Tout récemment, une série de recommandations ont été faites par un administrateur spécial pour remédier au gâchis de la South London Healthcare NHS Trust (SLHT).
L’administrateur spécial a dit que « les défis, exacerbés par le coût élevé de la construction de l’hôpital sous l’initiative de financement privé (IFP), sont tels que la fiducie représente le plus gros problème financier du Service de santé national du Royaume-Uni (NHS) ».
La SLHT, une fiducie qui exploite trois hôpitaux à Londres, perdait quelque 2,06 millions de dollars (Cdn) par semaine. Vu que les coûts des IFP sont fixes, les hôpitaux doivent tirer près de 119 millions de dollars (Cdn) en économies de ce qu’on ose appeler des « efficacités » au cours des trois prochaines années.
Les IFP dans deux des hôpitaux se prolongent jusque dans les années deux mille trente, obligeant les hôpitaux à payer encore plus de 900 millions de dollars (Cdn) aux consortiums avant qu’ils ne retournent entre les mains du public.
En novembre, le Bureau de vérification national du Royaume-Uni a publié un rapport cinglant sur la fiducie NHS de Peterborough et Stamford, après que l’hôpital municipal approuve une initiative de financement privé de 650 millions de dollars (Cdn) le laissant totalement incapable d’équilibrer ses comptes.
Selon le Guardian, le coût de l’IFP fut une des principales raisons pour lesquelles la fiducie avait accumulé un déficit de près de 72 millions de dollars (Cdn) en 2011-2012.
Nos collègues du syndicat Unison ont expliqué au journal qu’une fois que la fiducie aura fini de payer son contrat de 33 ans, soit en 2043, il aura coûté 3,1 milliards de dollars (Cdn) aux contribuables.
Au pays, dans la région du Niagara, on prévoit d’ouvrir le tout nouvel hôpital de Ste-Catharines, avec ses 399 lits, une autre initiative P3, d’un coût de 759 millions de dollars, vers la fin du mois de mars. Notre version du NHS – le Système de santé de Niagara (NHS) – s’est également montré sans pareil pour ses énormes dettes d’exploitation et pour les polémiques qu’il a suscitées au sein de la communauté. Celles-ci incluent notamment l’emplacement du nouveau complexe hospitalier et la fermeture de deux services d’urgence à Port Colborne et Fort Erie. En 2011, Kevin Smith avait été nommé superviseur du NHS après le décès tragique de plus de 30 personnes lors d’une épidémie de C. difficile dans le système hospitalier.
Tandis qu’on célèbre l’ouverture des nouvelles installations, on ne peut s’empêcher de se demander si notre propre version de l’initiative de financement privé transformera notre propre NHS en un sosie du NHS britannique.
De l’autre côté de Toronto, Kingston cherche actuellement à remplacer ses vieilles installations psychiatriques en passant par une initiative coûteuse semblable. Les membres de la coalition de la santé locale organisent actuellement des consultations populaires sur la question prévues pour le printemps prochain.