Le vaccin contre la grippe devrait être obligatoire pour les travailleurs de la santé, selon le Journal de l’Association médicale canadienne

 Il s’agit d’une question de droits individuels par opposition à une question de droits collectifs. La force de l’évidence est loin d’être indiscutable et la question est une source de discorde chez les travailleurs de la santé.

En affirmant récemment que toutes les personnes qui travaillent dans un établissement de santé devraient être vaccinées contre la grippe, le Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC) a fait sourciller bien des gens.

Le Dr Ken Flegel du JAMC a déclaré que c’était l’opinion de la rédaction du journal, pas celle de l’Association médicale canadienne. Il y a une bonne raison pour cela – la plupart des médecins ne se font pas vacciner contre la grippe. Lors d’une réunion du National Union’s Canadian Health Professional Secretariat, à Toronto, le 20 novembre, Flegel a lancé un défi à l’auditoire : augmentons les taux de vaccination volontaire afin d’éviter que le vaccin contre la grippe ne devienne obligatoire dans cette province.

Le Dr Ken Flegel, rédacteur en chef adjoint du Journal de l’Association médicale canadienne

La Colombie-Britannique est devenue la première province canadienne à franchir le pas — une décision qui est remise en cause par les travailleurs de la santé de la province. Même si nombre d’entre eux appuient l’augmentation des taux de vaccination générale, la plupart des syndicats sont réticents à priver les travailleurs de la santé de leur droit de décider pour eux-mêmes.

En Ontario, de nombreux employeurs de la santé ont mis en place des règles de vaccination de facto – si vous n’êtes pas vaccinés, vous ne pouvez pas travailler dans certaines circonstances. D’autres employeurs acceptent de déplacer les travailleurs non vaccinés dans un service où ils posent moins de risques aux malades ou ils leur suggèrent de prendre des jours de congé au moment de l’épidémie.

Selon Flegel, environ 40 pour cent des travailleurs de la santé canadiens se font vacciner chaque année, malgré le fait que 10 à 20 pour cent d’entre eux risquent probablement d’attraper la grippe.

« En règle générale, les patients hospitalisés sont très âgés et malades, et leur système immunitaire très affaibli », a déclaré Flegel. Il a soutenu que l’aggravation de la condition générale des malades hospitalisés ces dernières années signifie que leur organisme a plus de mal à se défendre contre une nouvelle infection ou à produire une réaction immunitaire.

Ils sont particulièrement exposés quand les travailleurs de la santé sont dans la phase asymptomatique de la grippe et risquent déjà de transmettre le virus.

Chaque année, on enregistre environ 20 000 hospitalisations à cause de la grippe, entraînant le décès de 4 000 à 8 000 personnes.

Flegel admet que la recherche sur l’efficacité du vaccin antigrippal est encore aléatoire, mais les essais thérapeutiques randomisés montrent qu’on pourrait réduire la mortalité saisonnière de 5 à 20 pour cent si on améliorait les taux de vaccination des travailleurs de la santé.

« C’est énorme », dit-il, même s’il admet que les études ont été critiquées car elles ne sont pas assez importantes pour être entièrement validées.

Il ajoute qu’elles ne sont pas parfaites, mais qu’il y a assez de preuves qui montrent que les avantages sont importants.

Flegel reconnaît que les travailleurs ne sont qu’une des sources de contagion dans les hôpitaux – estimant que le virus est transmis à 40 pour cent par les travailleurs de la santé,  à 40 pour cent par les visiteurs, et à 20 pour cent par les malades.

Il précise que le vaccin n’est pas efficace à cent pour cent contre le virus de la grippe – les études récentes ont dévalorisé son efficacité, mais il l’est toujours pour au moins 50 pour cent.

Il explique qu’on ne peut pas demander aux visiteurs d’augmenter leur taux de vaccination tant que les travailleurs hospitaliers ne montreront pas l’exemple.

Flegel concède qu’il y a des gens qui ne devraient jamais se faire vacciner contre la grippe, allant de ceux qui ont eu des effets secondaires à ceux qui ne peuvent tout simplement pas dormir la nuit à l’idée de se faire vacciner.

Même si l’efficacité du vaccin est encore discutable, déclare Flegel, la science indique aujourd’hui que le vaccin « est sûr d’après les experts ». En réalité, le vaccin antigrippal présente moins de risques que les vaccins que les voyageurs reçoivent sans poser aucune question.

Santé publique Ontario a récemment changé ses directives, suggérant qu’on devrait rendre obligatoire le vaccin antigrippal.

La question est en outre embrouillée par d’autres contradictions.

Alors que les hôpitaux exhortent leurs travailleurs à se faire vacciner, les programmes de gestion des présences encouragent les employés qui sont malades à venir travailler même s’ils constituent un risque évitable pour les malades.

De la même manière que les hôpitaux disciplinent systématiquement le personnel pour des questions de respect de la confidentialité des patients, des hôpitaux canadiens violent cette même règle de confidentialité en obligeant leurs employés à arborer des autocollants montrant qu’ils ont été vaccinés ou à porter un masque indiquant qu’ils ne l’ont pas été.

D’autres s’inquiètent du fait que céder sur ce droit individuel, c’est ouvrir la porte à d’autres contraintes de la part des employeurs, comme les tests obligatoires visant à détecter la consommation de drogues.

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