Le livre blanc du parti conservateur de l’Ontario ramène la législation du travail au 19e siècle

En publiant son livre blanc intitulé « Les voies de la prospérité : des marchés de travail flexibles » (Paths to Prosperity: Flexible Labour Markets), le parti conservateur adopte une position d’extrême droite face au travail.

Il est temps de prêter attention à ce qui se passe dans le secteur de la santé lourdement organisé de l’Ontario, même si les conservateurs ont choisi d’agir en été, lorsque la plupart des gens s’intéressent moins aux allées et venues à Queen’s Park.

En sapant le pouvoir des travailleurs de s’organiser, d’obtenir des salaires raisonnables et de viser l’équité en milieu de travail, les conservateurs semblent croire que le chemin du 21e siècle passe par le 19e siècle.

On se demande bien, par exemple, comment le fait de mettre fin aux retenues des cotisations à la source permettra de stimuler l’économie, à moins qu’ils comptent le nombre de personnes que les syndicats de l’Ontario devraient embaucher pour traiter et encaisser les cotisations de dizaines de milliers de membres. Et le coût de cette inefficacité serait bien entendu pris en charge par les travailleurs.

Chapeau à ceux qui choisiraient de recevoir une facture mensuelle pour leurs cotisations plutôt que de bénéficier d’une simple retenue salariale!

Est-ce qu’Hudak a l’intention de faire la même chose pour les dons à Centraide, les obligations d’épargne du Canada, les impôts sur le revenu, l’assurance-emploi et les autres retenues automatiques sur notre chèque de paie?

Selon une vieille expression, si on vous donne du lait, pourquoi acheter la vache? En ce moment, lorsque la majorité des travailleurs d’une unité de négociation particulière choisissent de se joindre à un syndicat, tous les travailleurs doivent payer des cotisations au moyen de retenues obligatoires. Autrement, ceux qui refusent de signer une carte syndicale bénéficieraient de tous les avantages conférés par la convention collective négociée sans cotiser.

Les conservateurs veulent donner aux travailleurs le droit de ne pas participer à la décision démocratique de leurs collègues. Essentiellement, ils proposent de forcer les syndicats à donner une partie de leur travail.

Imaginez si le gouvernement fonctionnait comme ça? Qu’arriverait-il à ceux qui n’ont pas voté pour le gouvernement au pouvoir, pourraient-ils arrêter de payer des impôts, sans pour autant cesser d’utiliser les routes, les écoles, les hôpitaux et autres services payés par d’autres?

Pour copier leurs cousins au fédéral, les conservateurs aimeraient également que les syndicats rendent public le détail de leurs finances, le dévoilant même à ceux et celles qui n’ont rien à faire avec les syndicats.

Le budget du syndicat est loin d’être secret. En fait, les membres du SEFPO débattent ce budget dans le cadre d’une convention ouverte.

De telles mesures par les conservateurs peuvent donner lieu à des conséquences accidentelles. L’exigence de publier ouvertement les dépenses des syndicats permettrait à leurs concurrents de voir combien ils paient pour les services qu’ils se procurent auprès d’entreprises privées, mettant ces entreprises dans une position de désavantage par rapport à celles qui ne vendent pas aux syndicats.

Les entreprises qui contrôlent de près leurs renseignements commerciaux risquent de ne pas apprécier cette proposition.

L’objectif véritable des conservateurs n’est pas d’améliorer la liberté ou le choix personnel, mais plutôt de porter atteinte aux droits des travailleurs. Avec un mouvement ouvrier affaibli, il sera beaucoup plus difficile de défendre les emplois, de lutter contre les gels et les réductions salariaux. d’exiger la sécurité du milieu de travail et de participer au processus démocratique, y compris à la défense du régime d’assurance-maladie public. C’est ça le véritable ordre du jour du PC.

Les conservateurs n’offrent aucun règlement comparable pour les entreprises.

Le véritable avantage concurrentiel recherché est un Ontario à salaires faibles. Dans leur livre blanc, les conservateurs font remarquer que le « Boston Consulting Group prévoit que les coûts salariaux nets dans l’industrie manufacturière en Chine et aux États-Unis s’uniformiseront aux alentours de 2015 ». C’est bien ça, l’objectif est de réduire nos salaires au niveau des salaires de la Chine, un pays parmi ceux qui comptent le plus d’inégalités économiques au monde.

Les conservateurs disent qu’ils ne font que suivre l’exemple des provinces de l’Ouest, mais aucune ne s’est encore permise une telle attaque contre la main-d’oeuvre. Le gouvernement de la Saskatchewan de Brad Wall a entrepris un processus de consultation sur une vaste gamme de propositions qui jetteraient les relations de travail dans la province à l’âge des ténèbres, mais rien de tout cela n’a été adopté.

Le livre blanc du PC de l’Ontario continue de modifier l’équilibre économique en ébranlant la Commission des relations du travail, permettant aux employeurs d’échapper aux obligations de la CSPAAT en choisissant d’autres assureurs (et en même temps d’ignorer le passif actuariel de la CSPAAT), attaquant le concept d’ancienneté, et bien plus encore.

L’impact net se traduira par une augmentation de l’inégalité croissante qui existe déjà dans cette province. On pourrait croire que Tim Hudak, un économiste, comprenne qu’une inégalité croissante contribue à déstabiliser l’économie.

Des travailleurs qui gagnent moins dépensent moins, c’est évident. En reconnaissant que ses travailleurs devaient gagner assez pour pouvoir s’acheter les voitures qu’ils construisaient, Henry Ford avait bien compris ce principe.

C’est mauvais pour l’économie. C’est mauvais pour la qualité de vie dans cette province. Les professionnels qui disposent des compétences nécessaires préféreront peut-être aller chercher des débouchés dans d’autres juridictions plus évoluées. Cette approche face aux mondes des affaires et du travail est insensée.

Inutile d’être syndiqué pour le comprendre. Tous les travailleurs profitent du travail des syndicats. Les syndicats se sont battus pour obtenir pour les travailleurs des pensions publiques telles que le Régime de pensions du Canada (RPC). Ils continuent de se battre pour améliorer le RPC afin que les pensionnés puissent vivre dans la dignité. Les syndicats se sont battus pour obtenir les vacances et le congé de maternité payés. Ils se sont battus pour obtenir une législation sur le salaire minimum. Ils se sont battus pour obtenir des lois sur la santé et la sécurité au travail. Tous ces avantages peuvent disparaître, pas juste pour les syndiqués, mais pour l’ensemble des travailleurs. Les mesures prises par les conservateurs visent précisément ce but.

Si vous désirez dire à Randy Hillier, porte-parole du travail pour le PC, ce que vous pensez de ce livre blanc, les conservateurs vous invitent à lui écrire par courriel à l’adresse randy.hillier@pc.ola.org

Plus tôt cette année nous avions parlé de l’impact d’une telle législation sur l’État du Wisconsin. Cliquez ici pour en savoir plus.

 

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